LE PIRP, 5 ANS APRÈS SON LANCEMENT : QUEL BILAN ?

Depuis son lancement en 2018 par la Direction Nationale de l’enseignement de l’Eglise Evangélique du Cameroun (DNE-EEC) en partenariat avec Pain pour le Monde (Pplm) et le Service Civil pour la Paix (SCP), le Programme d’Innovation et de Redynamisation Pédagogique continue de faire la part belle des établissements scolaires de l’EEC et même des autres structures éducatives. Des changements concrets sont perceptibles, des vies et des carrières transformées malgré les défis observés. Après quelques années d’activités menées sur le terrain, il est bien nécessaire de faire une appréciation du programme.

 

Introduction

Le programme d’Innovation et de Redynamisation Pédagogique (PIRP) s’inscrit dans le cadre de l’éducation à la paix, en vue de réduire la violence en milieu scolaire. Partant du constat selon lequel, les cas de violence en milieu scolaire au Cameroun continuent d’être observés, le PIRP a été mis en œuvre dans le but de mettre en place une pédagogie innovante, active et participative, qui vise la promotion de la paix et à placer les élèves au centre de la formation tout en les rendant plus responsables et en suscitant en eux l’esprit critique et d’initiative. Cinq années passées sur le terrain à travailler d’arrache-pied pour promouvoir la non-violence au sein des établissements de l’EEC, impulser le changement de climat et de perspective dans les salles de classe, à renforcer la relation famille-école et à contribuer à la protection de l’environnement et de la nature, on est bien tenté de se demander, quel est le bilan du PIRP ?

 

Statistiques du PIRP

Jusqu’ici, le Programme d’Innovation, et de Redynamisation Pédagogique, c’est:

  • 318 enseignant.es des écoles de projet formé.es sur les méthodes et approches pédagogiques visant la promotion de la paix et la non-violence, le respect des droits de l’homme, l’égalité de sexe, la créativité, l’interaction, et l’esprit d’entrepreneuriat.
  • 9033 élèves des écoles du projet qui participent davantage aux leçons, s’impliquent dans la gestion de la classe. En outre, certains élèves formé.es à la médiation agissent en qualité  de médiateurs/trices  dans la résolution des conflits entre pairs.
  • 33 écoles bénéficiaires du projet

 

Par ailleurs, le souhait du responsable du projet est de voir les 250 établissements scolaires (maternelles et primaires) de l’EEC mettre en œuvre le PIRP d’ici 2025.

 

Impacts

Les enseignant.es formé.es dans le cadre du projet sont capables de travailler comme multiplicateurs/multiplicatrices. Parmi les 318 enseignant.es formé.es, environ 50 ont formé soit leurs pairs dans d’autres écoles soit d’autres enseignant.es d’ailleurs et les parents d’élèves.

A titre illustratif, au mois de décembre 2023, dix enseignant.es des écoles dans le Noun (Foumban et Foumbot) ont formé des parents d’élèves sur les besoins des enfants, les règles et la communication non violente dans leurs écoles.

Les élèves réalisent désormais des projets de classe qui les auto-responsabilisent et par conséquent, favorise l’engagement dans leur processus d’apprentissage. A titre d’exemple, les élèves des écoles EEC de Deïdo I et II font le jardinage et ceux de Bamboutos font le champ.

Par ailleurs, on observe que les élèves sont davantage ouverts au monde et communiquent avec leurs pairs dans d’autres villes et pays. Ce qui contribue à briser les barrières culturelles, linguistiques, et régionales. En l’espèce, il existe d’une part, des partenariats avec l'École Primaire EEC de Mballa V à Yaoundé, le Groupe scolaire la Victoire UEBC de Garoua, l'École Primaire EFLC de Yéloua, Garoua et le Zion Anglican Primary School de Muhanga au Rwanda. 

D’autre part, les élèves du CM2 des écoles primaires EEC de Fontain et de Nkongsamba ont créé un forum d’échanges sur les activités menées dans leurs salles de classe. Ce qui favorise non seulement l’interaction entre élèves/classes, la coopération entre écoles mais également le partage des expériences et de connaissances.

 

La collaboration entre les organisations

La Direction Nationale de l’Enseignement de l’EEC partage ses expériences en matière de pédagogie de la paix avec d’autres organisations partenaires, notamment les organisations du Service Civil pour la Paix (SCP). A cet effet, en novembre 2023, la DNE en collaboration avec l’AFFADA, a facilité un atelier sur l’atmosphère de bienveillance, d’empathie et de paix dans la salle de classe au profit des enseignant.es du complexe scolaire Garou de Ngaoundéré.

 Par ailleurs, la DNE a travaillé avec les organisations partenaires d’AGIAMONDO notamment la CDJP Kribi dans le cadre d’un atelier sur les pratiques de paix en milieu scolaire, destiné aux  enseignant.es.

 

Les défis

Comme toute bonne œuvre destinée à la transformation positive de la société, le PIRP rencontre des challenges dans son implémentation au sein des écoles du projet. A travers le suivi de proximité sur le terrain, plusieurs défis sont relevés dont les principaux sont :

  • Le manque de matériels adéquats pour l’implémentation des connaissances PIRP 
  • Infrastructures vétustes et inadéquats
  • Le manque de ressources financières dans les écoles 
  • L’influence de l’environnement socio-culturel 

 

 

Conclusion 

Malgré les obstacles,  le bilan est positif pour le PIRP. D’une culture de la violence à la culture de la paix, passant par la formation continue en Pédagogie Active et Participative (PAP), Active et Créative, et en Approche Par Compétences (APC),  les écoles du projet se distinguent par leur approche pédagogique qui donne plus d’autonomie et de responsabilités aux élèves qui sont plus ouverts, n’ont pas peur de s’exprimer que ce soit à l’école, en famille ou en société. Les enseignant.es quant à eux abandonnent progressivement les méthodes pédagogiques traditionnelles axées sur la violence et l’autoritarisme et donnent plus d’espace et de liberté aux élèves. Ils sont de plus en plus empathiques et respectueux avec leurs apprenants et collègues. La collaboration avec les collègues et les parents d’élèves s’est considérablement améliorée et crée un climat de confiance. 

Vu sous cet angle, le PIRP constitue un véritable facteur de cohésion sociale, et par conséquent contribue de manière significative à la transformation positive de la société en général, et de l’enseignement en particulier au Cameroun.